Au sujet des vilaines affaires de pédophilie, le
silence des épiscopes sur les péchés a sans doute en partie comme
origine une très mauvaise formation religieuse sur la validité ou non du
«secret de confession»…
Il ne faut pas oublier que le
"secret de la confession"… est à mettre en œuvre uniquement envers ceux
qui se confessent, et ont la volonté d’entamer leur pénitence qui est
principalement la satisfaction, qui est de réparer leur faute envers la
ou les victimes, et aussi d’agir sur eux-mêmes mentalement afin de se
transformer pour ne plus fauter ; la bible n’écrit pas que Dieu
dissimule les péchés à cause de la confession, mais à cause de la
pénitence : « et
tu dissimules les péchés des hommes à cause de la pénitence
[1]»
(Sg 11, 23). Le Catéchisme de l’Eglise Catholique enseigne au § 1450 - «
VII. Les
actes du pénitent. Ces actes sont la contrition, la confession et la
satisfaction.
». Il faut donc parler de secret à cause de la pénitence selon le
Concile et selon la bible et selon le droit canonique : la simple
confession, c'est-à-dire le simple aveu d’une faute ne suffit pas pour
entrainer le secret sur le péché. Défendre le "secret de la confession"
est le langage de ceux qui refusent la satisfaction, dont sa partie
réparation envers les victimes est nécessairement en partie publique car
elle est destinée à remettre en ordre le juste état relationnel que le
fautif a rompu par son iniquité. La réparation est l’action juste
nécessaire pour rebâtir une paix sociale rompue par le fautif ; la
réparation est aussi nécessaire eschatologiquement au pécheur : «
Ceux
qui vraiment, après l’acceptation de la grâce de justification, par le
péché sont tombés, de nouveau ils pourront être justifiés, en suscitant
Dieu par le sacrement de pénitence, par les mérites du Christ, ils se
seront occupés de
récupérer la grâce
perdue.
Mais ce mode
de justification est la réparation de la faute
[2]»
(Concile de Trente, session 6, Décret de justification, chapitre 14, De
la faute et de ses réparations).
L’exemple
de Zachée dans l’évangile nous montre que le salut est à la suite de la
réparation de ses torts : « … et,
si j’ai fraudé quelqu’un, je rends le quadruple ». Aussi Jésus lui dit :
« En ce jour le salut est fait pour cette maison » (Lc 19, 8-10
traduit de la vulgate : « …et, si
quid aliquem defraudavi, reddo quadruplum ”. 9 Ait autem Iesus ad eum: “
Hodie salus domui huic facta est ».
Il existe en
France une faute collégiale de l’épiscopat qui a opéré un glissement de
la réalité de sacrement de pénitence… vers une pratique de la seule
confession. De ce fait l’Episcopat, par ce réductionnisme coupable,
prive les pécheurs d’être enseignés de leur seule possibilité de
récupérer la grâce par la réparation de leurs péchés envers leurs
victimes (cf. ci-dessus (Concile de Trente, session 6, Décret de
justification, chapitre 14, De la faute et de ses réparations)).
De plus
l’Episcopat ne cherche plus la justice qui est rendue uniquement par la réparation des péchés,
seule manière de rebâtir une paix sociale rompue par le pécheur. On
aimerait que nos épiscopes se nourrissent de cette béatitude dans le but
de rétablir l’enseignement de la sainte Eglise sur l’urgence des
réparations des péchés :
« Béats, lesquels sont affamés et assoiffés de justice » (Mathieu 5, 6
traduit de la neuve vulgate : « Beati, qui esuriunt et sitiunt
iustitiam »).
Le prêtre est canoniquement juge des péchés, et en
tant que juge du péché, il juge de la pénitence qui entraine le
secret sur le péché : car le sceau sacramentel du canon est celui du
sacrement de pénitence… et surtout pas simplement de la confession… Et
surtout : sachant par le saint Concile de Trente que, des parties de la
pénitence, ce n’est pas la confession, ni la contrition, ni même le
reste de la satisfaction, mais c’est seule la réparation envers les
victimes, ce que confirme l’histoire de Zachée, qui est le mode de
justification qui fait récupérer au fautif la grâce perdue (cf.
ci-dessus). Dans la bible, la pénitence est confondue avec la
réparation. Dieu Lui-même donne l’exemple de sa pénitence : « le Seigneur a été pénitent qu’il eût fait l’homme sur la terre.
Affecté intérieurement par la douleur de son cœur : j’anéantirais,
dis-je, l’homme, que j’ai créé, de la face de la terre » (Gn 6, 6
traduit de la vulgate : « …,
paenituit Dominum quod hominem fecisset in terra. Et tactus dolore
cordis intrinsecus: 7 “Delebo, inquit, hominem, quem creavi, a facie
terrae,… »). De même encore, Jésus dit Lui-même que la victime ne
démet (pardonne) le péché du fautif que si celui-ci fait pénitence
:
« Faites attention à vous ! Si ton frère aura péché,
blâme-le et, s’il aura agi la pénitence, démet à celui-ci ; et si sept fois par jour il aura péché envers toi et sept
fois se sera converti auprès de toi en te disant : "Il me peine (Ndlt : littéralement « (la conséquence de la faute) me pénitencie »)", tu démettras à celui-ci. [3]»
(Lc 17, 3 traduit de vulgate : « Attendite
vobis! Si peccaverit frater tuus, increpa illum et, si paenitentiam
egerit, dimitte illi; 4 et si septies in die peccaverit in te et septies
conversus fuerit ad te dicens: “Paenitet me”, dimittes illi ”. »
Quand donc la sainte bible écrit pas que Dieu
dissimule à cause de la pénitence, elle entend réparation comprise : «
et tu dissimules
les péchés des hommes à cause de la pénitence
[4]» (Sg 11, 23). Ainsi,
la culture biblique du secret sur les péchés n’est due qu’envers les
péchés dont la réparation a été effectuée par le responsable du péché.
Donc, sans la réparation de ses fautes, le Magister
de l’Eglise enseigne que le fautif ne récupère pas la grâce de
justification perdue par son péché, donc que sans la réparation le
Seigneur ne considère pas le pécheur comme justifié[5]… et que donc
le secret sur le péché n’a pas dans ce cas
d’existence. Saint Paul demande d’accuser devant tous les malfaisant
pour prévenir du danger qu’ils constituent :
« Accuses
les pécheurs devant tous, afin qu’aussi tous les autres aient crainte.[6] »
(1 Tim 5, 20) ; saint Paul écrit aussi :
« Tu ne détesteras pas ton frère
dans ton coeur ; Argue-le, pour que tu n’aies pas à cause de lui un
péché
[7]»
(Lv 19, 17).
Quant au silence des épiscopes au sujet des péchés de pédophilie : le fond du problème est de savoir si les pédophiles ont réparé, ou même peuvent réparer ? Si certains aurait réparé envers leurs victimes, alors il est nécessaire envers et contre tout de garder le silence sur leurs péchés réparés. Quant aux pédophiles dont le péché n’est pas réparé ni dénoncé en public, les épiscopes ont alors possiblement pu, selon saint paul et selon le Livre du Lévitique, participer aux péchés des pédophiles pour n’avoir pas protégé le peuple en danger en le prévenant.
Article par Arnaud Barbey, rédigé
le 30 mars 2019.
[1] Bible canonique en (Sg 11, 23) « et
dissimulas peccata hominum propter paenitentiam. »
[2] Traduit du Concile de Trente,
session 6, Décret de justification, chapitre 14 « De lapsis &
eorum reparatione. » : Source : Sacrosancta Concilia de Labbei
et Cossarti Ad Regiam Editionem, venetiis MDCCXXXIII, tome 20,
page 38 : « Qui vero ab
accepta justificationis gratia per peccatum exciderunt, rursus
justificati poterunt, cum excitante Deo per poenitentae
sacramentum, merito Chriſti, amissam gratiam recuperare
procuraverint. Hic enim justificationis modus est lapsi
reparatio » (Source : Sacrosancta Concilia de Labbei et
Cossarti Ad Regiam Editionem, venetiis MDCCXXXIII, tome 20, page
38)
[3] Note 1 : traduit de vulgate en
(Lc 17, 3) : « Attendite
vobis! Si peccaverit frater tuus, increpa illum et, si
paenitentiam egerit, dimitte illi; 4 et si septies in die
peccaverit in te et septies conversus fuerit ad te dicens:
“Paenitet me”, dimittes illi ”. »
[4] Bible canonique en (Sg 11, 23)
« et dissimulas peccata hominum propter paenitentiam. »
[5] La définition de la justification
selon le site internet édité par la Conférence des Evèques de
France : « Acte par lequel
Dieu rend juste. Il fait passer le pécheur de l’état de péché à
l’état de «justice». Selon l’enseignement du Christ tous les
hommes sont appelés à être saints (justes, et justifiés aux yeux
de Dieu). Seul le Christ à la fois pleinement Dieu et pleinement
homme, rend possible par sa vie, sa mort et sa résurrection, la
justification de chaque homme devant Dieu. C’est en lui que
l’homme entre en relation vivante avec Dieu, c’est par la
foi que l’homme est justifié. »
SOURCE :
https://eglise.catholique.fr/glossaire/justification/
[6]
Traduit de la vulgate en (1 Timothée 5, 20) « Peccantes coram omnibus argue, ut et ceteri timorem habeant »
[7]
Traduit de la vulgate en (Lv 19, 17) « Ne
oderis fratrem tuum in corde tuo; argue eum, ne habeas super
illo peccatum. »
A ce sujet la nouvelle traduction des évêques catholiques en français par
l’AELF (Association Episcopale Liturgique pour les pays
Francophones) fait un contresens dans ce verset du Lévitique :
elle traduit par « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur.
Mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras
pas la faute qui est en lui. ». Cette traduction est la seule
des traductions courantes françaises à faire ce contresens ;
écrire de ne pas tolérer la faute, alors qu’il s’agit de n’en
être pas complice. Cette traduction est pourtant utilisée
publiquement dans toutes les célébrations catholiques en
français.
* * *
« Ceux qui vraiment, après l’acceptation de la grâce de justification, par le péché sont tombés, de nouveau ils pourront être justifiés, en suscitant Dieu par le sacrement de pénitence, par les mérites du Christ, ils se seront occupés de récupérer la grâce perdue. Mais ce mode de justification est la réparation de la faute, les saints pères convenablement ont prononcé le décret combien favorable après le naufrage de la grace perdue. » Concile de Trente, session 6, Décret de justification, chapitre 14 « De lapsis & eorum reparatione. » (« De la faute et de ses réparations. ») -- Source : Sacrosancta_Concilia_de Labbei et Cossarti_Ad_Regiam_Editionem, venetiis MDCCXXXIII, tome 20, page 38.
« parce que notre Seigneur Jésus-Christ, de la terre sur le point de monter au ciel, a laissé ses prêtres les suppléants de lui-même, comme présidents et juges, que soient déférées vers eux toutes les fautes mortelles, en lesquelles les fidèles du Christ seront tombés, par quoi par le pouvoir des clés de la rémission ou de la rétention des péchés qu’ils prononcent la sentence. » Concile de Trente, session 14, chapitre 5 « De la confession » -- Source : Sacrosancta_Concilia_de Labbei et Cossarti_Ad_Regiam_Editionem, venetiis MDCCXXXIII, tome 20, page 94.
« Les mains trop vite à personne tu n’auras imposé et tu n’auras pas pris part aux péchés des autres » (1 Tim 5, 22 ).
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