Nous allons voir que la définition
entendue communément de la fornication n’est pas biblique, ni
chrétienne.
Dans une acception française du terme, la
fornication est une relation charnelle entre deux personnes qui ne sont
ni mariées ni liées par aucun engagement. Le Catéchisme de l’Eglise
Catholique écrit de même au § 2353 : « La
fornication est l’union charnelle en dehors du mariage entre un homme et
une femme libres. »
Or, cette définition de la fornication
n’est pas biblique.
Le sens biblique de la fornication n’a en
effet rien à voir avec cette définition, pourtant reprise par le
Catéchisme de l’Eglise Catholique.
De plus le monde chrétien parle
couramment de « péché de la chair » d’une manière réductionniste, en le
liant uniquement à la sexualité ; or ce sens n’est pas non plus le sens
évangélique de « chair ».
Prenons un passage de saint Paul pour
montrer ce que la bible entend par « chair » ; la bible entend de la
« chair » une définition « philosophique », et non pas une réduction
matérielle à la « viande » et à la sexualité.
En effet, en (Ga 5, 19) aucunes œuvres de
la chair ne sont directement en rapport avec la sexualité. Par exemple
l’idolâtrie, l’inimitié, les jalousies, avoir des principes, les
disputes… toutes ces attitudes ne sont issues de la chair en tant que
viande, mais issues de la chair en tant que de pensées dévoyées. En
effet, l’idolâtrie, l’inimitié, les jalousies, avoir des principes, les
disputes… sont bien issues de pensées dévoyées, et n’ont pas de rapport
ni avec la « viande », ni avec une relation sexuelle.
De plus, au
verset 22 qui suit, les fruit de l’Esprit Saint sont le contentement, la
bonté, la charité, la paix…[1]. On sait que
les fruit de l’Esprit Saint sont de même la conséquence que l’Esprit
Saint agit sur la chair, l’Esprit Saint étant depuis la Pentecôte « sur
chaque chair » : « … dit le
Seigneur, j’épancherai de mon Esprit sur chaque chair, et vos fils et
vos filles prophétiseront,… » (Ac 2, 17). Ainsi la bonté, la
charité, la paix… sont aussi des comportements induits par la chair par
l’opération « sur chaque chair »
de l’Esprit Saint.
Donc, chez saint
Paul la chair induit des comportements comme l’inimitié, le fait d’avoir
des principes, ou encore le contentement ou la bonté.
La chair n’est
donc pas à entendre comme seulement la partie charnelle du corps, mais
aussi comme les affects psychologiques énumérés par saint Paul :
l’inimitié, l’envie, la joie, certaines disputes... Mais l’énumération
de saint Paul n’est pas seulement composée d’affects mais aussi
d’habitus, c'est-à-dire les habitudes prises, comme les principes ou par
exemple les disputes chroniques, l’idolâtrie…
Les habitus sont
les bonnes habitudes (vertus) ou les mauvaises habitudes (vices), on
parle aujourd’hui de dispositions acquises. La chair représente donc ce
qui n’est pas soumis à la volonté, voire même à la conscience de l’homme
ou la femme, et c’est le cas des dispositions acquises qui rendent
machinales les actions d’une personne quand elle est habituée à faire
ces actions : une action n'est pas nécessairement voulue par une
intention de cette action, elle peut être ou devenir un automatisme
psycho-moteur. La chair biblique contient aussi ces automatismes
psycho-moteur que sont les habitudes que les catéchismes appelaient
autrefois vertus.
Ces habitudes,
ou vertus, sont toutefois la résultante de comportements qui à l’origine
ont souvent été acceptés par la personne ayant cette habitude. Par
exemple les efforts entrepris dans un métier pour apprendre le bon geste
(ou jouer d’un instrument de musique par exemple) s’apprend par une
répétition difficile, mais au bout d’un moment le geste devient facile
et automatique.
Le résultat est
le même concernant les mauvaises habitudes prises. Celui par exemple qui
ne réfrène pas la propension de sa langue à parler à tort et à travers,
à celui-ci deviendra de plus en plus facile et automatique de dénigrer…
puis la conscience de dénigrer s’émoussant petit à petit, puis en
viendra à vilipender plus facilement en y trouvant moins de mauvais
qu’une personne se défendant de dénigrer à tort.
C’est ainsi qu’il faut entendre saint Paul qui écrit « Mais manifestes sont le travail de la chair, qui sont la fornication, l’impureté, la luxure, le service des idoles, l’envie, l’empoisonnement, l’inimitié, la contention, l’émulation, la colère, les rixes, les dissensions, les principes, l’envie, l’ébriété, trop manger et ses similaires ; [2]» (Ga 5, 19).
Nous allons
montrer que dans la bible, la fornication et la luxure ne sont pas des
travers sexuels, mais que « le
travail de la chair » est la production des affects psychologiques,
et de ce qui n’est plus le travail conscient de l’intelligence et de la
volonté, mais le travail des vices et des vertus, qui sont les mauvaises
et bonnes dispositions acquises. Une disposition étant une faculté
potentielle mise en acte par l’action dont elle guide inconsciemment le
déroulement ; la disposition est la « machine » au repos (une
« programmation ») qui, mise en marche, est l’automatisme psycho-moteur.
Regardons alors
le sens dans la bible de la luxure et de la fornication.
Au sujet du sens
de la fornication dans la bible, ce sens rappelons-le, n’a pas de
rapport avec de la définition du Catéchisme catholique : « l’union
charnelle en dehors du mariage entre un homme et une femme libres ».
En effet, il
n’est pas possible de concilier cette définition du Catéchisme
catholique avec les passage bibliques suivants : « Tu
[Dieu] as anéanti tous ceux, qui forniquent contre toi [3]» (Ps 73, 27).
Et aussi « Est-ce que peu
considérable est ta fornication ? Tu as sacrifié mes fils et concédé
ceux-ci en consacrant par eux. [4]» (Ez 16, 21).
A l’évidence personne n’a une « l’union charnelle en dehors du mariage entre un homme et une femme
libres » avec Dieu ! De même consacrer des fils en sacrifice à des
idoles, n’a pas non plus de rapport à une union sexuelle.
Jésus-Christ dit de plus dans l’Evangile qu’un homme a le droit de se séparer de sa femme en cas de fornication de la femme. Au sens du Catéchisme catholique il ne peut pourtant pas y avoir de fornication entre l’homme et sa femme car il concerne les couples libres ! Faut-il croire l’évangile ou le catéchisme ! Dans l’évangile il est bien certain que la fornication de la femme ayant un mari est possible.
De même
concernant la luxure : ce terme de luxure signifie dans la bible l’excès
dans l’abondance, et non pas un dérèglement sexuel. Par exemple saint
Pierre écrit à propos des païens s’étonnant des chrétiens : « Par
quoi ils s’étonnent de vous n’entrant pas en concurrence dans le même
excès (luxuriae) de débordements, en blasphémant ; [5]» (1 P 4, 4).
Aussi au livre du
Deutéronome : « il est inoccupé à
trop manger et par la surabondance (luxuria) et pour des repas
d’ivrognes [6]» (Dt 21, 20).
Ou encore dans le livre des Proverbes ou est employé le mot
« Luxuriosus », signifiant luxuriant, exubérant, cousin de « luxuria »
signifiant surabondance, excès : « luxuriant
vin, tumultueux cidre ; quiconque par ceux-ci est attiré, ne sera pas
sage. [7]»
(Pr 20, 1). Saint Paul utilise cet inconvénient du vin pour écrire à une
communauté : « Et refusez d’être remplis par le vin, à cause duquel est l’excès, mais
soyez remplis d’Esprit…[8] ».
Saint Paul
utilise encore ce mot « Quant aux
jeunes veuves, évites-les ; toutes les fois où avec excès (luxuriatae)
elles auront été opposées au Christ, elles désirent se marier, ayant la
damnation, parce qu’elles ont rendu nulle la foi du commencement ; [9]» (1 Th 5,
11).
Ainsi nous venons de donner la
signification évangélique de la luxure, c'est-à-dire un vice qui
consiste à avoir, de manière générale, un comportement excessif. Par
exemple trop opposé au Christ… Rien dans ces exemples biblique ne permet
de justifier la définition de la luxure par le Catéchisme de l’Eglise
Catholique au § 2351 : « La luxure
est un désir désordonné ou une jouissance déréglée du plaisir vénérien. ».
Le Catéchisme Catholique a repris une définition païenne de la luxure.
Précédemment nous avons montré que le sens de la fornication dans
la bible n’est pas logique avec la définition du Catéchisme
catholique d’une « union charnelle en dehors du mariage entre un homme
et une femme libres ». Nous allons maintenant chercher le sens
évangélique de la fornication.
Jésus
dit que la fornication de la femme (Mt 19, 9 fornicationem ;
et Mt 5, 32 fornicationis dans la bible latine du Vatican), est motif de
répudiation de la femme. Le sens latin de
fornication est de voûter ou
cintrer, la formication est donc un comportement qui n’est pas droit,
c'est-à-dire une conduite pécheresse qui déforme la vérité ou la loi
divine. Dans l’évangile de saint Jean, le mot fornication a un sens très
fort exprimant une filiation avec le mal. Jésus accuse les pharisiens
d’avoir un autre père que Dieu, et de faire les œuvres de ce père, sans
doute Satan ? Les pharisiens lui répondent : « Nous
ne sommes pas nés de la fornication ; nous avons un seul Père, qui est
Dieu. » (Jn 8, 40-41). « nés
de la fornication » ne veut pas dire ici, enfants issu de parents
pécheurs, mais par analogie à Jésus qui se dit fils de Dieu, cette
expression « nés de la
fornication » veut dire vraisemblablement « nés
de Satan » ? D’après la parole de Jésus, la fornication prend un
sens de lien particulier avec un père qui n’est pas Dieu, donc
possiblement avec Satan. Ce péché de fornication aurait donc un rapport
avec les premiers des commandements donnés par Dieu au peuple d’Israël,
de ne pas avoir de dieux étrangers, de ne pas avoir d’idoles, et de ne
pas les servir (Ex 20, 3-5 et Dt 5, 7-9). Ces commandements ayant trait
à la fornication sont les premiers et précèdent donc les autres plus
connus comme observer le repos du dimanche, …, puis honorer son père et
sa mère, ne pas tuer, etc. La fornication est donc le péché de ceux qui
font des œuvres du mal (Mt 5, 37 ; 6, 13 ; 13, 38). Pour simplifier, la
fornication est, au contraire de faire les œuvres de l’Esprit-Saint, de
faire un certain genre de mal.
Dans le passage
suivant d’un psaume, les découvertes ou inventions des hommes sont cause
de leur fornication : « […], et
ils sont contaminés à cause de leurs travaux, et ils ont forniqués à
cause de leurs inventions.[11] »
(Ps 106, 39). On ne pas penser ici sérieusement non plus à une
interprétation sexuelle de la fornication.
Le
livre de Jérémie nous donne un exemple de la manière dont se pratique la
fornication « Et par l’affabilité
de sa fornication [Juda] corrompt le pays …»[12]
(Jér 3, 9). Ce terme « affabilité » dans une mauvaise action
volontaire évoque l’hypocrisie. La fornication semble donc être une
forme particulière de péché liée aussi à l’hypocrisie. On sait que Jésus
condamne particulièrement certains hypocrites. Le livre de l’Apocalypse
emploie ce terme dans le même sens, « [Babylone]
abreuve toutes les nations du vin de la violence de sa fornication ! »
(Ap 14, 8). La fornication est ici violente, mais cachée, donc hypocrite
car elle se traduit par un acte qui semble amical, elle offre du vin
« empoisonné ». Il est impossible d’assimiler la fornication violente de
Babylone personnifiée en femme à un acte sexuel banal. La fornication de
Babylone abreuve de vin, elle aveugle les nations en en leur enlevant la
sagesse par l’ébriété.
La
bible nous donne des éléments pour comprendre le sens de la fornication.
« En effet l’origine de la fornication est la recherche minutieuse des
idoles, et l’invention de celles-ci est une corruption de l’existence [13]» (Sg 14,
12 ).
Les
idoles peuvent-être des esprits vivants comme nous l’avons vu ci-dessus
concernant les démons, mais aussi l’invention d’idoles inertes, comme de
refaire la loi de Dieu à sa guise, en particulier d’en rajouter ou d’en
enlever à cette loi, ce qui est interdit à la fin de l’Apocalypse de
saint Jean (Ap 22, 18-19) et aussi en (Dt 4, 2) : « Vous
n'ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n'en retrancherez
rien ; mais vous observerez les commandements de Yahweh, votre Dieu, que
je vous prescris. » (Dt 4, 2). Une forme d’idolâtrie de soi-même est
d’inventer avec soin sa propre loi en dehors des préceptes bibliques, ou
d’en retrancher ou ajouter à la bible. Ce comportement d’idolâtrie de
soi-même est donc une origine de la « fornication ».
Ainsi
il faut comprendre de tous ces passages précédents, que la fornication
n’est pas une action particulière, mais une pensée qui dirige des
actions. La fornication est une attitude générale en rapport avec les
idées. Ce sont des idées viciées pour « s’arranger » et se faire croire
« beau » moralement, soi-même ou d’autres. La fornication est hypocrite,
mais aussi simplement la complaisance envers des systèmes (doctrine,
économie…) qui ne sont pas dans la vérité évangélique. La fornication
est un état d’esprit qui abouti en toutes choses à « une
corruption de l’existence » (Sg 14, 12). La bible ne montre pas
pratiquement d’actes précis de fornication, pour la raison que c’est une
attitude de base, « mère » de beaucoup de péchés en toutes choses. Cette
fornication, nous avons vu, a pour principe l’idolâtrie, par exemple de
soi-même et de ses idées ; où encore l’idolâtrie d’autres esprits
(vivants ou morts) qui fait avoir complaisance envers leurs idées,
jusqu’à écouter leurs conseils. L’origine du terme latin
fornicatio est de tordre et
d’ériger en voûte[14]. Une
voute est en architecture classique la base la plus solide pour créer
une ouverture tout en supportant l’immeuble qui sera construit au
dessus. Par analogie avec les idées, une voûte est une idée que l’on
tord, que l’on fausse, et à partir de laquelle on en érige d’autres pour
bâtir un système d’idées en rapport. La fornication bâti un système
d’idées sur des idées viciées (tordues) érigées dès le départ en voûtes.
C'est-à-dire des idées connues comme étant viciées dès le départ, mais
tout de même utilisée sciemment pour en faire passer d’autres. A force
on peut se créer jusqu’à une conscience viciée, c'est-à-dire un jugement
vicié sur toute chose, qui corrompt autour de soi les êtres et les
choses, et soi-même.
Par
exemple prenons le verset biblique suivant : « De
même aussi chaque femme délaissant
son
homme […] à cause de l’adultère elle a forniqué [15]» (Si 23,
22-23). Cette femme n’a pas voulu admettre comme mauvaise action d’avoir
délaissé son homme (= adultère). Elle a donc retiré sciemment à la bible
le commandement à propos de l’adultère, pour rejoindre le parti de ceux
qui prétendent que répudier son mari n’est pas une mauvaise action. Ou
alors elle a caché son adultère aux yeux du monde en donnant de fausses
explications qui semblent bonnes aux yeux du monde, en bâtissant autour
d’elle à partir d’un ensemble de mensonges, une vie où elle se justifie
sans cesse en accusant les autres et se faisant passer pour innocente.
Ainsi cette femme a commencé à forniquer pour camoufler un adultère.
C’est
cela un fornicateur : celui qui accepte des autres des idées qu’il sait
« tordues », où se les fabrique lui-même, et s’en fait sa propre loi,
jusqu’à excuser ou permettre le mal en acceptant hypocritement ou avec
complaisance les conséquences de sa conduite motivée par sa pensée
dévoyée. Nous allons voir que le
fornicateur ou la fornicatrice est quelqu’un qui en vient à aimer faire
du mal.
C’est
ce que qu’écrit le verset suivant de la bible : (Si 23, 17 (verset 24
dans la Vulgate)) « Pour l’être
humain fornicateur tout pain est agréable : il ne cessera pas d’agir
excepté après la mort
[16]». Si « tout
pain est agréable », c’est que même le mauvais pain est
agréable. Le pain c’est ce
qu’il mange et donne à manger aux autres. Le pain, c’est le besoin
quotidien de l’être humain, autant la nourriture, le toit et le
vêtement, de même aussi la tendresse de l’amour… Ainsi le fornicateur
donne un mauvais « pain » aux autres. Que « tout
pain soit agréable », c’est par exemple la complaisance de cette
femme envers sa répudiation de son homme qu’elle permet et trouve
agréable : « troisièmement à cause
de l’adultère elle a forniqué » (Si 23, 23). Ayant répudié son homme
(adultère), donc une mauvaise action, elle a fini par accepter
hypocritement ou seulement avec complaisance son acte : c’est cela sa
fornication, elle fini par trouver que son acte mauvais est agréable. Le
fornicateur aime faire du mal, pour lui « tout
pain est agréable » et donc « il
ne cessera pas d’agir excepté après la mort ».
Nous avons vu que la chair imprime des habitus, ici
le corps charnel contient le vice de la fornication : « Deux
genres abondent dans le péché, […] l’être humain fornicateur dans son
corps charnel ne cessera pas, jusqu'à ce qu’Il allume un feu [17] » (Si 23,
16). En (Si 23, 17) ;
il n’est pas écrit qu’il fornique dans son corps charnel, mais qu’il est
fornicateur dans son corps charnel. L’ablatif utilisé en latin
représente le « sans mouvement », ne représente donc pas l’action
elle-même, mais la potentialité de l’action de fornication, c'est-à-dire
le vice contenu dans le corps charnel. Ici être fornicateur dans
son corps charnel a un sens de potentialité, c'est-à-dire qu’ayant l’habitude de forniquer, les
actes de fornications deviennent plus facile.
Nous
avions vu que la fornication n’est pas en soi un péché précis, mais
plutôt la « mère » d’un certain genre de péchés, une attitude générale
en rapport avec les idées.
C’est cette potentialité générale « être fornicateur » qui est « mère »
d’un certain genre de péchés. Ce sont des idées viciées, hypocrites. La
fornication est un état d’esprit qui abouti en toutes choses à « une
corruption de l’existence » (Sg 14, 12). La bible ne montre pas
pratiquement d’actes précis de fornication, pour la raison que c’est une
attitude de base, « mère » de beaucoup de péchés en toutes choses.
L’origine du terme latin
fornicatio est de tordre et d’ériger en voûte. La fornication bâti
un système d’idées sur des idées viciées (tordues) érigées dès le départ
en voûtes. C'est-à-dire des idées connues comme étant viciées dès le
départ, mais tout de même utilisée sciemment pour en faire passer
d’autres. A force on peut se créer jusqu’à une conscience viciée,
c'est-à-dire un jugement vicié sur toute chose, qui corrompt autour de
soi les êtres et les choses, et soi-même.
C’est
sans doute comme cela qu’il faut comprendre saint Paul quand il écrit :
« chaque péché, tout ce qu’aura
fait l’homme, à l’extérieur du corps est ; mais qui fornique, pêche dans
son corps.[18] » (1 Cor
6, 18). La fornication n’est pas en soi un péché précis, mais plutôt la
« mère » d’un certain genre de péchés, provenant d’une action de la
pensée dévoyée. Ainsi qui fornique « pêche
dans son corps » car pêche dans l’intérieur de lui-même en sa
pensée. Ici saint Paul ne parle pas du vice, la potentialité de
forniquer facilement qui est dans le corps charnel — que nous avions vu
traduite avec l’ablatif latin exprimant l’absence de mouvement — mais de
l’action intérieure en pensée de forniquer, traduite ici par l’accusatif
latin exprimant un mouvement de pensée dévoyée dans le corps, ici dans
l’intelligence consciente.
Dans
le même passage de sa lettre aux Corinthiens, saint Paul écrit aussi :
« Quant au corps il n'est pas pour
la fornication mais pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. [19]» (1 Cor
6, 13). Il explique cinq versets en dessous au v. 17 qu’il faut être un
seul esprit avec Dieu. Il veut donc bien dire par « Quant au corps il n'est pas pour la fornication mais pour le Seigneur »
de ne pas avoir des pensées dévoyées, mais au contraire avoir les
pensées de Dieu en étant un seul Esprit avec Lui.
Il
est vraiment dommage que les traductions en français, du moins celles
considérées comme catholiques, donnent dans leur ensemble une idée très
fausse de la fornication par rapport à la néo vulgate catholique qui est
rappelons-le la seule version de la bible « absolument
exempte de toute erreur en ce qui concerne la foi ou les mœurs »
[20]. Ces
versions françaises donnent pour la fornication des traductions comme
prostitution, débauche, impudicité…
La
traduction de l’Aelf (association des évêques catholiques francophones)
utilise prostitution par exemple en (Jn 8, 41)—
débauche (2 R 9, 22) —
le verbe délaisser, en effet
au psaume 72, verset 27, la traduction est « tu détruis ceux qui te délaissent », alors que d’après la néo
vulgate « ceux, qui forniquent
contre toi [21]» (Ps 73,
27) —
union illégitime en (Mt 5, 32) —
inconduite en (Mt 15, 19).
Il
faut remarquer que ces interprétations de la fornication par
l’association des évêques catholiques de langue française sont très peu
précises et laissent donc la place à notre traduction à partir de la néo
vulgate de la fornication comme action intérieure en pensée, exprimant
un mouvement de pensée dévoyée ; que la fornication n’est pas en soi un
péché précis, mais plutôt la « mère » d’un certain genre de péchés, par
une attitude générale en rapport avec les idées, des idées viciées.
Pour
comprendre le sens de la fornication dans la bible, la méthode est de
balayer toute la bible en latin (la néo vulgate, sans erreur concernant
les mœurs), de la balayer dans un fichier numérique par recherche
informatique du préfixe latin « fornic » en repérant d’abord les versets
où ce préfixe et ses dérivés sont utilisés, puis de traduire le verset.
Il est évident de se méfier des traductions parfois non catholiques des
dictionnaires français-latin.
Le sens biblique de la fornication n’a
donc en effet rien à voir avec cette définition, pourtant reprise par le
Catéchisme de l’Eglise Catholique « La
fornication est l’union charnelle en dehors du mariage entre un homme et
une femme libres. ». Une union entre personnes libres, c'est-à-dire
non engagées, par exemple non mariées, n’est donc pas de la fornication.
Auteur : Arnaud Barbey, amdbb@free.fr
Concernant la pratique de la théologie par des laïcs, elle est encouragée depuis le concile Vatican II : « Bien plus, il faut souhaiter que de nombreux laïcs reçoivent une formation suffisante dans les sciences sacrées, et que plusieurs parmi eux se livrent à ces études ex professo et les approfondissent. Mais, pour qu’ils puissent mener leur tâche à bien, qu’on reconnaisse aux fidèles, aux clercs comme aux laïcs, une juste liberté de recherche et de pensée, comme une juste liberté de faire connaître humblement et courageusement leur manière de voir, dans le domaine de leur compétence. » (Concile Vatican II, Gaudium et spes 62, 7).
[1]
(Ga 5, 22) :
Fructus autem Spiritus
est caritas, gaudium, pax, longanimitas, benignitas, bonitas,
fides, 23 mansuetudo, continentia;
Traduction : « Mais le
fruit de l'Esprit est charité, contentement, paix, longanimité,
benignité, bonté, foi, mansuétude, continence ; »
[2]
(Ga 5, 19) : « Manifesta autem
sunt opera carnis, quae sunt fornicatio, immunditia, luxuria, 20
idolorum servitus, veneficia, inimicitiae, contentiones,
aemulationes, irae, rixae, dissensiones, sectae,
21 invidiae, ebrietates, comissationes et his similia; »
Traduction : « Mais
manifestes sont le travail de la chair, qui sont la formication,
l’impureté, la luxure, le service des idoles, l’envie,
l’empoisonnement, l’inimitié, la contention, l’émulation, la
colère, les rixes, les dissensions, les principes, l’envie,
l’ébriété, trop manger et ses similaires ; »
Sectae :
[3]
(Ps 73 (72), 27)
« …; perdidisti omnes, qui fornicantur abs te. »
Traduction :
« Tu
[Dieu] as anéanti tous ceux, qui forniquent contre toi (ablatif)
»
[4]
(Ez
16, 21) « Numquid parva est fornicatio tua ? Immolasti
filios meos et dedisti illos consecrans eis. »
Traduction : « Est-ce que
peu considérable est ta fornication ? Tu as sacrifié mes fils et
concédé ceux-ci en consacrant par eux. »
Note : la fornication a consacré ses fils aux idoles.
[5]
(1 P 4, 4) « In quo mirantur non concurrentibus vobis in eandem
luxuriae effusionem, blasphemantes; »
Traduction : « Par quoi ils s’étonnent de vous n’entrant pas en concurrence dans le même excès de débordement, en blasphémant ; »
Effusionem : accusatif
effūsĭo,
ōnis, f. [effundo] :
1 - action de répandre, épanchement, écoulement.
2 - largesses, prodigalité, profusion.
3 - débordement.
Source : Dictionnaire Français - Latin,
http://www.prima-elementa.fr/Dico.htm, auteurs : Gérard
Jeanneau, Jean-Paul Woitrain et Jean-Claude Hassid
[6]
(Dt 21, 20) « comissationibus
vacat et luxuriae atque conviviis potatorum »
Traduction : « il est
inoccupé à trop manger et par la surabondance et pour des repas
d’ivrognes »
[7]
(Pr 20, 1) : « Luxuriosa res vinum, et tumultuosa sicera;
quicumque his delectatur, non erit sapiens. »
Traduction : « luxuriant
(chose que le) vin , tumultueux cidre ; quiconque par ceux-ci
est attiré, ne sera pas sage. »
Luxuriosa : de LUXURIOSUS :surabondant, luxuriant, exubérant
[8]
(Ep 5, 18) « Et nolite inebriari
vino, in quo est luxuria, sed implemini Spiritu… »
Traduction : « Et refusez
d’être remplis par le vin, à cause duquel est l’exès, mais soyez
remplis d’Esprit… ».
[9]
(1 Th 5, 11) « Adulescentiores autem viduas devita; cum enim
luxuriatae fuerint adversus Christum, nubere volunt,
12 habentes damnationem, quia primam fidem irritam fecerunt; »
Traduction : « Quant aux
jeunes veuves, évites-les ; toutes les fois où avec excès elles
auront été opposées au Christ, elles désirent se marier, ayant
la damnation, parce qu’elles ont rendu nulle la foi du
commencement ; »
adversus Christum :
opposé au Christ
[10]
(Ez
16, 21) « Numquid parva est fornicatio tua ? Immolasti
filios meos et dedisti illos consecrans eis. »
Traduction : « Est-ce que
peu considérable est ta fornication ? Tu as sacrifié mes fils et
concédé ceux-ci en consacrant par eux. »
Note : la fornication a consacré ses fils aux idoles.
Traduction : « […], et ils
sont contaminés à cause de leurs travaux, et ils ont forniqués à
cause de leurs inventions. »
ADINVENTIONIBUS
: noms, ablatif pluriel :
invention n. f
: découverte
IN :
[12] « et facilitate fornicationis suae [Juda] contaminavit terram... » (Jér 3, 9).
Notre traduction : « Et par l’affabilité de sa fornication [Juda] corrompt le pays… »
facilitate : nom, ablatif singulier – affabilité, complaisance, facilité à faire quelque chose
fornicationis : nom génitif singulier – fornication. Ce génitif montre que l’affabilité est un trait de la fornication
suae : pronoms-adjectifs possessifs féminins, génitif ou datif singulier
[13]
(Sg 14, 12) “Initium enim fornicationis est exquisitio idolorum,
et adinventio illorum corruptio vitae est;”
Notre traduction : « En effet l’origine de la fornication est la
recherche minutieuse des idôles (esprit, démons, dieux), et
l’invention de celles-ci est une corruption de l’existence »
INITIUM : la seconde déclinaison des noms finissant en UM, nominatif singulier
INITIUM : la seconde déclinaison des noms finissant en UM, vocatif singulier
INITIUM : la seconde déclinaison des noms finissant en UM, accusatif singulier
ENIM (adverbe d'affirmation)
bien sur
c'est un fait
en fait
en réalité
FORNICATIONIS : nom, génitif singulier. Ce génitif montre une dépendance de la
fornication envers une origine.
EXQUISITIO : la troisième déclinaison des noms imparasyllabiques dont le génitif
pluriel fini en UM, nominatif singulier
EXQUISITIO : la troisième déclinaison des noms imparasyllabiques dont le génitif
pluriel fini en UM, vocatif singulier
recherche n. f : action de rechercher
enquête n. f : étude d'une question s'appuyant sur des témoignages
Note : Dans la bible ce terme est employé en majorité vis-à-vis
de Dieu Lui-même, pour le rechercher.
IDOLORUM : nom neutre,
génitif pluriel
ADINVENTIO : nominatif singulier
ILLORUM
: démonstratifs masculins, génitif pluriel
ILLORUM : démonstratifs neutres, génitif pluriel: celles – ce
génitif montre un lien de dépendance entre ce démonstratif et ce
qu’il montre, c'est-à-dire les idoles (nom neutre).
[15]
(Si 23, 22-23 (23-33 dans la Vulgate)) « Sic et mulier omnis
relinquens virum suum […] tertio in adulterio fornicata est »
Notre traduction : «
De même aussi chaque
femme délaissant son homme
[…] troisièmement à cause de l’adultère elle a forniqué »
RELINQUENS
: déclinaison des participes du présents des verbes, nominatif
singulier
Du verbe RELINQUO
ADULTERIO : la seconde déclinaison des noms finissant en UM, ablatif singulier
FORNICATA EST
: la première conjugaison des verbes déponents, 3éme personne
féminin singulier parfait indicatif actif : elle a forniqué. Le
sens passif des verbes déponents est vrai aussi car forniquer
veut dire tordre, déformer, elle a forniqué, donc elle a tordu,
car elle est tordue, elle est déformée dans sa manière de penser
par rapport à une pensée droite.
[16]
(Si 23, 24) Homini fornicario omnis panis dulcis: non cessabit
nisi in morte.
Notre traduction :
« Pour l’être humain fornicateur tout pain est agréable : il ne
cessera pas d’agir excepté après la mort »
HOMINI : la troisième déclinaison des noms imparasyllabiques dont le génitif pluriel fini en UM, datif singulier
FORNICARIO : la seconde déclinaison des noms finissant en US,I, datif singulier
FORNICARIO
: la seconde déclinaison des noms finissant en US,I, ablatif
singulier
DULCIS : doux,
agréable
CESSABIT : la première conjugaison active des verbes, 3éme personne singulier futur
indicatif actif
NISI (conjonction)
excepté : sauf, en excluant
sauf prép. : (excepté), hormis, excepté
si ce n'est (excepté)
IN : à cause de, pour
MORTE : la troisième déclinaison des noms imparasyllabiques
dont le génitif pluriel fini en IUM, ablatif singulier : mort
[17]
(Si 23, 16 (verset 23 dans la vulgate)) « 21/16 Duo genera
abundant in peccatis, […] 23/16 et homo fornicarius in corpore
carnis suae non desinet, donec incendat ignem. »
Notre traduction : « 21/16
Deux genres abondent dans le péché, […]
23/16 Et l’être humain fornicateur dans son corps charnel
ne cessera pas, jusqu'à ce qu’Il
allume un feu »
Note de traduction :
Dans la bible, Dieu tue parfois certains pécheurs par le feu.
Nous optons donc ici pour le fait qu’ici aussi il s’agit de Dieu
qui allume un feu pour détruire « l’être
humain fornicateur dans son corps » c’est dire ceux qui ont
le vice de la fornication.
FORNICARIUS
: la seconde déclinaison des noms finissant en US,I, nominatif
singulier
IN :
dans, en – l’ablatif « sans mouvement » représente la
potentialité, c'est-à-dire le vice contenu dans le corps
charnel.
CORPORE
: nom, ablatif singulier
CARNIS : la troisième déclinaison des noms parasyllabiques dont le génitif pluriel
fini en IUM, génitif singulier se rapportant à
corpore.
DESINET : la troisième conjugaison 1 er type active des verbes, 3éme personne
singulier futur indicatif actif
DONEC (conjonction de temps + subjonctif)
jusqu'au moment où
jusqu'à ce que, (nuance consécutive restrictive)
INCENDAT : la troisième conjugaison 1 er type active des verbes, 3 éme personne
singulier présent subjonctif actif
allumer v. t : mettre le feu à
allumer v. t : faire naître
brûler v. t : (incendier), consumer, détruire par le feu
embraser v. t : mettre en feu
embraser v. t : illuminer, donner l'aspect d'un grand incendie à
enflammer v. t : mettre le feu à
incendier v. t : provoquer l'incendie de
passionner v. t : inspirer un très vif intérêt à
Exemple bibliques :
IGNIS
: nom masculin, génitif singulier
EUM : démonstratifs masculins,
accusatif singulier
IGNEM : la troisième déclinaison des noms parasyllabiques dont le
génitif pluriel fini en IUM, accusatif singulier : feu
[18] (1 Cor 6, 18) : « Fugite fornicationem! Omne peccatum, quodcumque fecerit homo, extra corpus est; qui autem fornicatur, in corpus suum peccat. »
Traduction : « chaque péché, tout ce qu’aura fait l’homme, à l’extérieur du corps est ; mais qui fornique, dans son corps à soi pêche. » (1 Cor 6, 18).
IN : + accusatif : dans (avec mouvement)
[19]
(1 Cor 6, 13) « Corpus autem non
fornicationi sed Domino, et Dominus corpori; »
Traduction : « Quant au
corps il n'est pas pour la fornication mais pour le Seigneur, et
le Seigneur pour le corps. »
Fornicationi :
nom commun au datif
(complément d’attribution : pour la fornication)
Sources :
La Néo-Vulgate en latin : http://www.vatican.va/archive/bible/nova_vulgata/documents/nova-vulgata_index_lt.html
[21]
(Ps 73 (72), 27)
« …; perdidisti omnes, qui fornicantur abs te. »
Traduction : « Tu
[Dieu] as anéanti tous ceux, qui forniquent contre toi (ablatif)
»
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